Le mois de mai nous livre les premières chaleurs de l’année. Pas de quoi réjouir un pilote de planeur. A l’inverse des baigneurs nous préférons les cumulus à l’azur. Alors pourquoi partir par un 8 mai dans un océan sans la moindre tache de blanc. Un vol en thermique pur veut dire expérience sans confort de pilotage avec le risque se poser au hasard quand les ascendances disent adieu sans prévenir.

Mais Célestin, Yassin et moi avons envie de nous confronter à la difficulté de ce type de météo souvent rencontrée en compétition. Célestin revient de son stage pôle espoir avec des apprentissages qu’il veut parfaire. Yassin a envie de voler en campagne et sans doute de se préparer au championnat de France junior. Moi c’est la campagne qui m’attire et me fait un peu peur à la fois. Voler en double me rassure et m’apporte plein d’enseignements.

Mardi donc, nous voilà partis avec deux planeurs et dans la ferme intention de tenir. Nous décollons à 14h, Célestin dans le LS6 et Yassin et moi dans le Janus. Thermique pur, ça signifie que nous devons chercher des ascendances sans pouvoir nous fier à la présence des cumulus qui nous les signalent, comme faire de la route sans panneaux indicateurs.

Yassin, qui pilote le Janus, a d’abord pris de la hauteur, nous montons jusqu’à 1300 ou 1400 mètres. Puis très vite nous perdons de l’altitude, nous décidons de faire demi-tour pour chercher une ascendance plus proche du terrain, de peur de nous vacher. Nous suivons les villages, les champs d’éoliennes, les terrains crayeux pour trouver de petites pompes. Nous reprenons de la hauteur, puis nous en profitons pour prendre  la direction de Doullens où les cumulus apparaissent.

A partir de Doullens, les conditions deviennent fabuleuses, un plafond à plus de deux kilomètres de hauteur, un alignement de cumulus qu’on appelle dans notre jargon une « rue » de nuages. Nous passons ainsi d’une ascendance à l’autre, facilement. Des vitesses ascensionnelles de l’ordre de trois à quatre mètres secondes !

C’était fumasse, ça pompait du feu de dieu ! Giga cool, quoi …

Nous avons rejoint Saint-Omer en moins de deux heures… Le retour a été tout aussi bon. La brise de mer qui arrivait du littoral avait généré un alignement de cumulus sur près de 150 kilomètres, nous avons pu voler plusieurs heures sans spiraler ou presque. C’était tellement bon que nous avons poussé jusqu’à Amiens pour revenir ensuite vers Albert en formation.

Du bonheur !

 

Mahault Godard, 8 mai 2018

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